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Le bleu est la couleur de l'espoir

Illustration: DestinyBlue

Mise à jour 07 février 2019 : Blue a posté une courte vidéo sur Facebook pour remercier personnellement tou·tes ses fans et ses proches qui ont participé à la campagne de crowdfunding, organisée par son partenaire Joe, et/ou qui ont lui ont laissé d'adorables messages d'encouragement.

Elle a été particulièrement touchée par la vague de soutien #WeLoveYouDestinyBlue, une surprise également organisée par Joe.

À ce jour, la campagne a permis de lever plus de 31 000£ en seulement 8 jours, grâce à 1 386 donateurs·trices. Il reste encore du chemin à parcourir pour atteindre les 42 000£, qui serviront à lui financer un séjour en clinique psychiatrique privée : elle aura une bien meilleure chance de se remettre là-bas qu'à l'horrible hôpital psychiatrique public de son secteur où elle devrait sinon aller. Toutes les contributions, même les plus petites, feront la différence : voici le lien de sa campagne.

Vous pouvez accéder à la vidéo grâce au lien donné au début ou en vous rendant sur la page Facebook de DestinyBlue.

Fin de la mise à jour

 

Blue, comme ses fans l'appellent affectueusement, s'est bâtie une réputation dans le monde de la santé mentale : cela fait maintenant des années qu'elle dessine sur DeviantArt, où ses oeuvres touchent très souvent au sujet de la santé mentale.

Quand je l'ai découverte, j'en ai eu le souffle coupé : l'intensité de son art, la dure réalité au bout de ses milliers de coups de pinceau délicats... C'est là que j'ai enfin compris, avec ce coup de poing que je me prenais : je n'étais pas seule. Si une fille aussi talentueuse, aussi belle et aussi gentille qu'elle était capable de se détester elle-même, de s'enfoncer une lame de rasoir sale dans la peau, et plus généralement d'incarner tout ce qui me poussait à me définir, moi, comme un fardeau... eh bien, peut-être que moi non plus je n'étais pas juste un gros tas dégoûtant se faisant passer pour un être humain. Peut-être que j'étais juste une personne normale, qui souffrait beaucoup. Peut-être que ce n'était pas mal d'avoir eu besoin d'être hospitalisée en hôpital psychiatrique, même la fois d'après, et celle encore d'après. Peut-être que je méritais d'aller mieux.

C'est ça que Blue a réussi, juste en postant quelques dessins sur un site web. Ensuite j'ai lu quelques-unes des réponses qu'elle avait faites à des fans, des commentaires qu'elle avait laissés en-dessous des oeuvres d'art d'autres personnes, et je me suis dit "wow. Elle a l'air tellement gentille. J'adorerais qu'on soit amies." Je ne l'ai jamais contactée directement, à part en laissant un ou deux commentaires sur sa page Facebook. Mais je continuais à la suivre sur les réseaux sociaux, et c'est comme ça que j'ai appris qu'aujourd'hui, elle ne va pas bien.

 

Elle a besoin d'une place en clinique psychiatrique privée, parce que l'hôpital psychiatrique de son secteur est catastrophique. Mais financièrement elle ne pourra pas se le permettre sans notre aide -- c'est pourquoi je fais passer le message : faites une contribution, s'il vous plaît. À la hauteur de ce que vous pouvez, évidemment, mais sachez que chaque centime fera la différence. Et je vous en prie, partagez : vous connaissez aussi bien que moi le pouvoir des réseaux sociaux, c'est le moment de le mettre à profit pour une bonne cause. Faites bon usage de ce pouvoir pour Blue. Voici le lien de sa campagne de financement participatif (en anglais mais ce n'est pas difficile, il vous suffira de cliquer sur le montant choisi).

 

Dans quel monde une personne aussi formidable peut se trouver victime d'une telle souffrance, sans relâche ? Eh bien, juste un monde qui d'une façon ou d'une autre, se débrouille pour fonctionner à peu près et dans lequel n'importe qui d'entre nous peut tomber malade. Donc, un monde dans lequel nous méritons tous et toutes d'aller mieux. Et comment on fait ? me demanderez-vous. Bonne question.

Ça commence par la sensibilisation au fait que de telles maladies existent : appelons ça la sensibilisation de base et bon sang, il est grand temps qu'on l'enseigne à l'école.

Ensuite, ça passe par la capacité à reconnaître ces maladies en soi-même ou chez quelqu'un d'autre : c'est l'étape au-dessus sur le chemin de la sensibilisation, et qui ne serait pas si difficile si on nous enseignait simplement quels sont les signes à détecter. Ça peut faire la différence entre la vie et la mort.

Puis l'accès au traitement : ça ne devrait tout simplement pas être aussi compliqué, ni aussi cher. Des traitements existent, ils sont efficaces pour une majorité de gens même s'il faut souvent en essayer plusieurs, et ils ne se présentent pas seulement sous forme de médicaments. Mais prenons l'exemple de la France, connue comme Le Royaume De La Sécurité Sociale : on est très loin d'avoir suffisamment de places en hôpital psychiatrique [public], ces établissements manquent tellement de moyens financiers et humains que c'en est proprement ahurissant, et les psychothérapies ne sont même pas remboursées par la Sécurité sociale de base obligatoire comme le sont les médicaments. Alors qu'il a été démontré je ne sais combien de fois que pour bon nombre de patient·es une psychothérapie est tout aussi efficace, voire plus efficace, que des médicaments et au contraire de ceux-ci, ne présente pas d'effets secondaires pénibles. Bref, c'est justement en cela que le système médical abandonne Blue, et des milliers d'autres exactement comme elle.

Enfin, en tant que société, il faut absolument qu'on arrête de considérer les maladies mentales comme honteuses, et encourager plutôt les gens à demander immédiatement de l'aide et à suivre les soins qui leur sont prescrits. C'est suffisamment difficile en soi ; il est donc impératif qu'on arrête de traiter ces personnes comme si elles étaient folles, dangereuses ou anormales. On a tous et toutes un rôle à jouer pour aider la personne malade à emprunter le chemin vers la guérison : en récupérant ses médicaments à la pharmacie, en l'aidant à prendre rendez-vous avec des thérapeutes, en discutant avec elle de ce qu'elle ressent... Il y a plein de moyens d'aider, et j'y dédierai bientôt un article. Soyez présent·e, aimant·e, et encouragez vos proches en difficulté. Croyez-moi, ça change tout.

 

Je reviendrai avec un article entièrement centré sur Blue et son art incroyable. C'était de toute façon prévu depuis le début, mais je voulais publier cet article aussi rapidement que possible pour qu'elle puisse recevoir le soutien dont elle a besoin.

 

Et Blue... On est tou·tes avec toi. Tu mérites d'aller mieux, et tu vas aller mieux. On pense tou·tes très fort à toi. Tiens bon.

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