Comment redonner sa confiance au corps médical après s'être senti·e trahi·e
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Mise à jour du 21 avril 2024 : Informations sur Sabrina Palumbo mises à jour.
Fin de la mise à jour
Sabrina Palumbo, aujourd'hui thérapeute ACT – coach certifiée – formatrice et consultante en santé mentale, donne des pistes pour les personnes qui se sont senties, comme elle, trahies à un moment de leur vie par certain·e·s soignant·e·s. Avec du temps et de la volonté, elle a réussi à faire de nouveau confiance. Elle explique comment.
Les membres du corps médical ne sont pas des robots, ce sont des êtres humains et à ce titre ils et elles sont faillibles. Malheureusement, dans ce domaine, l’erreur peut être fatale. En santé mentale c’est la même chose, et "l’erreur" peut laisser des traces durant de longues années.
J’ai une expérience traumatisante de l’hôpital psychiatrique. J’ai mis des années avant de refaire confiance au corps médical et à tout ce qui relève de la "psy" en particulier. Peut-être parce que j’ai mis du temps à me faire suffisamment confiance pour savoir ce qui est bon pour moi ou pas ?
Aujourd’hui, sans être soignante, j’accompagne des personnes avec troubles psys et addictions. Je travaille avec les professionnel·le·s de santé et du champ médico-social. C’est dire le chemin parcouru depuis la personne blessée et en colère que j’étais !
Mon expérience de coach et de pair-aidante m’amène à dire que certains accompagnements ne sont vraiment pas aidants. Ils peuvent même s’avérer maltraitants s’il n’y a pas de réelle empathie ou si l’on ne prend pas suffisamment en compte les difficultés quotidiennes de la personne.
Les "psys", les thérapeutes, n’en ont pas toujours conscience. Parfois, ils et elles pensent que leur méthode est tellement douce et bienveillante qu’elle "ne peut pas faire de mal". Je rappellerai pourtant que les accompagnant·e·s doivent se montrer attentif·ve·s, précautionneu·x·ses et faire preuve d’humilité.
Dès lors qu’il y a une relation thérapeutique qui se crée, il faut avoir en tête les conséquences possibles d’une "simple erreur" sur la personne. En médecine il y a une obligation de moyen et non de résultat, mais quand on fait médecine ou qu’on se lance dans la relation d’aide, en principe, c’est plutôt pour soulager que pour venir taper sur les blessures et faire du mal…
Primum non nocere (En premier ne pas nuire)
Le ou la patient·e peut être amené·e à rencontrer dans son parcours de soin des personnes qui feraient sans doute mieux de changer de métier… De là à tout condamner, il y a une marge. Si on fait une mauvaise expérience, il convient dans un premier temps de se demander si c’est l’ensemble des professionnel·le·s de santé ou une discipline entière que l’on souhaite remettre en cause, ou seulement la ou les personne·s auxquelles on a eu affaire ?
Un minimum de recul s’avère nécessaire.
Tant que nous sommes dans la réaction, le ressentiment et la colère prennent le pas sur le raisonnement. Pourtant si l’on veut se soigner voire guérir, il faut bien faire confiance à quelqu’un car seul·e on ne s’en sort pas. Pour autant ce n’est pas facile de redonner confiance à autrui quand on s’est senti trahi·e.
Alors, comment faire ? Comment refaire confiance ? Comment faire alliance (thérapeutique) après une mauvaise expérience ?
Changer de prestataire
Rien n’empêche de changer de médecin, d’hôpital, de praticien·ne… La première chose à faire quand on n'a plus confiance, c'est de changer de prestataire. Si on n’a plus confiance en ceux et celles qui sont censé·e·s nous soigner, ils et elles ne sauront et ne pourront pas le faire. On peut en essayer autant qu'on veut jusqu’à ce que le courant passe et que l’on se sente à l’aise. Ce n’est pas être capricieu·x·se. Je dirais que c’est se respecter suffisamment pour savoir qu’on mérite de trouver la ou les bonnes personnes.
Parfois c’est un peu le parcours du combattant. Je pense à l’obstination dont j’ai dû faire preuve pour me guérir de mes troubles du comportement alimentaire. C’est un médecin généraliste qui fut le premier à m’aider vraiment. Et, après avoir essuyé bon nombre d’échecs, j’ai eu la chance de frapper ensuite aux
bonnes portes côté psy…
Trouver son psy est une démarche comparable à celle d’une rencontre amoureuse, en ce sens qu’il est question d’alchimie, de magie qui opère ou pas
On va chez un·e psy pour soi
Je vais revenir sur l’idée de prestation évoquée précédemment. Il est ici question de posture. Car la deuxième chose à faire quand on n’a plus confiance, c’est de se dire qu’on va chez un·e médecin ou un·e psy pour soi. Pour prendre soin de soi. Il ne faut pas voir cela comme une obligation ou une contrainte mais plutôt comme un "investissement" sur son capital santé. La personne qui consulte est cliente ! Je précise que je n’ai pas de mal avec les termes de patient·e·s/client·e·s et d’ailleurs quel que soit le terme employé, l’important c’est d’être à l’aise avec…
Le ou la médecin/psy/thérapeute est donc le ou la prestataire engagé·e pour obtenir un service. Voyez comme il est intéressant de travailler cette posture en consultant d’abord des médecins généralistes avant toute autre médecine.
Bien se renseigner
La troisième chose que je recommande, c’est de bien se renseigner. Les patient·e·s ont quasiment tou·te·s
le réflexe Google aujourd’hui, et c’est une bonne chose ! On peut se renseigner sur la personne que l’on s’apprête à consulter, lire des témoignages, prendre connaissance des méthodes et des protocoles employés. Il ne faut pas hésiter à poser des questions. Beaucoup d’accompagnant·e·s sont ouvert·e·s à la discussion.
Pour résumer, il s’agit d’être acteur ou actrice de son parcours de soin. Comprendre ce qu’il se passe, garder en tête que l’on peut interrompre un suivi qui ne nous conviendrait pas, être conscient·e de ses choix et de pourquoi on les fait… J’attire toutefois votre attention sur les informations trouvées ici ou là. Ce n’est pas parce qu’une information est crédible qu’elle est fiable.
Se laisser le temps
Laissez-vous le temps. Accorder sa confiance n’est pas une mince affaire. Il faut parfois comme je l’ai dit plusieurs années pour y parvenir. Ne vous précipitez pas. Donnez-vous le temps dont vous avez besoin sans vous flageller. Rappelez-vous aussi que le temps que vous passez à vous renseigner et à poser des
questions préalables est autant de temps de gagné pour vous soigner efficacement ensuite.
Chat échaudé craint l’eau froide
En guise de conclusion : après une mauvaise expérience on devient souvent plus exigeant·e et on ne se contente pas de vagues promesses de professionnel·le·s un peu trop laxistes.
En ce sens je crois que s’il convient d’inviter à la vigilance (les personnes malades ayant perdu foi en la médecine peuvent devenir la cible de personnes peu scrupuleuses), il faut aussi rappeler que prendre soin de soi et faire des choix pour soi est le plus souvent question de bon sens.
Personnellement je crois beaucoup aux capacités de discernement de chacun·e face aux propositions d’aide éthiquement discutables, et je trouve regrettable ce paternalisme consistant à considérer les malades comme des petites choses fragiles.
Enfin, je pense qu’il faut sortir du besoin de vouloir tout contrôler. Car on peut mettre autant de filets de sécurité que l’on veut, on n'est jamais à l’abri d’une déception ou expérience négative. Sachant cela et après avoir validé un certain nombre de critères, essayez autant que faire se peut de vous centrer sur votre cœur et vos ressentis pour décider d’accorder ou non votre confiance.