Comment la chanteuse de Florence and the Machine a dompté ses problèmes de santé mentale
Mise à jour du 26 novembre 2019: ajout d'un lien vers un documentaire dans la partie Aller plus loin
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Florence Welch, que vous connaissez peut-être comme la chanteuse du groupe de rock Florence and the Machine, se trouve également être une personne particulièrement avisée. Attention, par “avisée” je ne veux pas dire “qui possède toutes les réponses aux questions existentielles de la vie”, mais plutôt “qui s’est souvent retrouvée dans les ennuis, la plupart du temps de son propre fait, qui a vécu des moments difficiles quoiqu’assez communs, qui s’est longtemps débattue avec ses problèmes de santé mentale, et qui est ressortie de l’autre côté du tunnel en sachant beaucoup mieux à quoi ressemblerait une bonne vie pour elle”. Comment je sais ça? Eh bien j’ai lu son interview dans Vogue, une fois, deux fois, trois fois, et je l’ai ensuite enregistrée dans mon dossier de Favoris sur Pocket. Parce qu’elle avait des mots très sages (et oui !) à partager, et parce que c’est une star mondialement connue, ses paroles auront sans aucun doute une grande influence sur les jeunes -- et les moins jeunes -- gens qui apprécient sa musique (ou qui aiment juste lire les potins de stars, je ne juge pas).
Je pense que sa description de la haine de soi fera écho à celle de beaucoup de gens, surtout des adolescentes mais aussi -- et ça me rend malade -- un nombre croissant de jeunes hommes. Et pour répondre à la question que vous vous posez peut-être, oui, le diktat des apparences que nous impose la société dans laquelle nous vivons en est totalement responsable.
À un moment, j’en ai conclu que j’avais [toujours] tort, que je n’étais pas assez bien, pas assez intelligente, pas assez mince. J’étais tellement en colère contre moi-même, tout le temps.
Florence Welch n’est pas du genre à blâmer les autres pour sa situation -- pourtant si elle a développé des mécanismes d’adaptation destructeurs, c’est en partie en réponse au stress causé par une situation familiale instable. Sobre depuis ses 27 ans et consciente que chez elle, les troubles mentaux c’est de famille, elle est aujourd’hui capable de reconnaître son alcoolisme pour ce qu’il était : une addiction destinée à calmer son anxiété (alimentée par sa timidité et son tempérament introverti) et à faire taire ce sentiment d’être différente -- dans le mauvais sens du terme.
Dans son interview avec Vogue, la chanteuse s’est exprimée très clairement et de façon très terre-à-terre sur l’usage de drogues. Il s’agit pour elle de stopper net la progression de l’addiction.
Si tu penses que prendre plein de drogues c'est ton truc et que tu "tiens" sans problème, ça veut souvent dire que tu [es addict] et que tu devras arrêter au bout d’un moment, ou pire.
Elle décrit aussi très honnêtement son trouble du comportement alimentaire… et à quel point elle est soulagée d’en être enfin libérée. Elle l’a évoqué pour la première fois dans une chanson en 2018 -- intitulée Hunger [faim, ndlr].
[Si vous êtes dans la même situation, parlez-en à quelqu’un et faites-vous aider par un·e professionnel·le: ce n’est pas normal et vous faire du mal ne va pas améliorer les choses.]
Il y a cinq ans, j’aurais pu vous dire combien [je pesais] le matin, le soir, habillée, déshabillée. Avec ou sans mes bijoux. Parfois j’ai l’impression que m’être libérée de ça est une plus grande victoire que d’avoir été en tête d’affiche à Glastonbury.
Florence Welch n’est pas juste une rockstar : c’est une femme dyslexique (certain·es évoquent aussi une dyspraxie), souffrant potentiellement de SSPT (Syndrome de Stress Post-Traumatique, ou PTSD en anglais) suite au suicide de sa grand-mère, une femme qui a été harcelée à l’école et qui a alimenté une constante haine d'elle-même pendant des années… Et pourtant, à aujourd’hui 32 ans, elle a vaincu un trouble du comportement alimentaire et une addiction à l'alcool, elle gère son anxiété et croque la vie à pleines dents. Mais elle n’y est pas arrivée par magie ou parce qu’elle était destinée à devenir une grande artiste : il a fallu qu’elle en parle. Et vous comme moi savons combien c’est difficile… Mais même l’introvertie et timide Florence Welch, éternelle adolescente rebelle à la vie de bohème, le dit : c’est aussi la seule façon d’avancer.
Ça m’a pris longtemps, mais mon obsession [pour la nourriture] a disparu. Et j'ai dû faire ce que je craignais le plus au monde -- en parler. [...] Mais ton corps est bien plus qu’un objet à observer, il travaille avec toi, pas contre toi. On ne vainc pas son propre coeur.
Un dernier mot - et pas des moindres - à propos de la romantisation des maladies mentales : ce sont des foutaises extrêmement dangereuses.
J’ai réussi malgré mes démons, pas grâce à eux.
Merci, Florence. Personnellement, je garderai précieusement en tête cette honnêteté brutale pour les moments où ma volonté faiblira.
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