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"Pyjama", ou les dommages de la contention et de l'isolement

Illustration: Julie K.

Mise à jour du 21 avril 2024 : Informations sur Sabrina Palumbo mises à jour.

Fin de la mise à jour

 

Cet article a été rédigé par Sabrina Palumbo, thérapeute ACT – coach certifiée – formatrice et consultante en santé mentale. Nous l'en remercions !

 

"Pyjama ! A partir de maintenant vous serez placée en chambre d’observation."

 

Je suis entrée en juillet 2006 à l’hôpital en HDT [Hospitalisation à la Demande d'un Tiers, ndlr]. C’est mon père qui a signé la demande. L’hôpital d’où je viens a dit à mes parents que si ce n’était pas eux alors ce serait le préfet. On ne nous laisse pas le choix. Je pèse une trentaine de kilos et j’ai fugué du service pour prendre un café. Je suis considérée comme suicidaire. C’est un psychiatre remplaçant le mien qui prononce cette phrase terrible. Je ne savais pas encore que je resterais de longs mois en isolement.

 

Pendant des mois je reste seule entre quatre murs. Les toilettes sont fermées à clés. Je vois le rideau se lever de temps à autre afin de "m’observer". Je suis parfois attachée, même lorsque la sonde naso-gastrique tombe toute seule. Au début je me débattais. Je n’en voulais pas. L’anorexie était la seule chose à laquelle je tenais encore, encore plus dans cet environnement austère je dirais.

 

Le poids a continué de descendre. Je me suis ouvert la tête contre les murs de ma prison.

 

Il faut du temps pour se relever du traumatisme.

 

Un an après ma sortie d’hôpital j’étais redescendue à 35 kilos. Un gâchis. Les TCA [Troubles du Comportement Alimentaire, ndlr] sont un énorme gâchis dans tous les cas.

 

J’ai traîné le trauma…

 

Je crois qu’il n’y a rien de pire que de ne pas comprendre les "soins" qu’on nous dispense. L’absence de sens. L’anorexique a des idéaux forts, inatteignables. L’anorexie est une lutte sans merci, corps et âme. Un sentiment de toute-puissance dans le contrôle. On ne fait pas "plier" une anorexique. Il faut l’accompagner pas à pas, trouver plus de souplesse, des compromis… Ajuster. Cela demande du temps, de l’engagement et beaucoup de patience. Mon enfermement se résume à un rapport de force, du début jusqu’à la fin. Quoique sur la fin, j’ai fait profil bas pour sortir.

 

J'ai été contentionnée lors d'un passage aux urgences des années après mon hospitalisation forcée. Mieux vaut réveiller un bon gros trauma que de tenter de comprendre et apaiser. Je suis restée hospitalisée peu de temps. Munie de mon expérience comme d’un "guide de survie" du patient psychiatrisé. Cette hospitalisation s’est déroulée sans heurts et dans le dialogue. Les termes que j’ai pu lire dans le compte rendu en sont d’autant plus choquants. Il faut être prêt·e à lire des choses qui relèvent parfois plus du jugement que du simple compte-rendu factuel.

 

Avec le recul je peux évoquer ces épisodes sans les "revivre" émotionnellement. C’est le fruit d’un

important travail sur moi. J’ai compris que je pouvais agir sur ce que je peux changer et je fais l’effort

d’accepter ce qui ne peut l’être. Il reste de la colère - des réminiscences parfois - et je me souviens du

sentiment d’injustice mais je dirais que j’en ai plutôt fait une force.

 

Tout commence par une rencontre en ligne. Celle d’Alexandra Bichon, présidente de l’association Les assiettes chinoises et pair-aidante familiale. Celle d’Annie Menonville, patiente ressource. Toutes les trois, nous lançons l’idée d’organiser une rencontre virtuelle sur le thème de l’isolement contention. Le projet est lancé.

 

Aujourd’hui c’est avec grand plaisir que j’invite les lecteurs et lectrices d'Insane à la rencontre débat du 05 décembre prochain. Vous trouverez le programme et les informations concernant cet événement sur

 la page dédiée.

 

Les intervenant·e·s :

 

Le thème que nous avons choisi ne laisse pas indifférent. Un modérateur/secrétaire de séance sera là pour relever vos remarques et un temps de questions/réponses est prévu à la fin.

 

Il nous sera probablement difficile de répondre à tout et nous ne prétendons pas non plus à l’exhaustivité des pratiques mais nous tâcherons de donner le plus d’éclairages possibles (complémentaires les uns des autres). L’accent sera mis sur les pratiques alternatives aux soins sans consentement.

 

Nous invitons au respect de la parole de chacun afin que toutes les personnes présentes au webinaire puissent s’exprimer et être entendues.

 

A l’issue de cette rencontre nous souhaitons faire parvenir aux personnes présentes un document complet avec des références, une webographie, des témoignages… Merci d’avance si vous nous faites des propositions pour y contribuer et merci aussi si vous nous faites l’honneur de votre présence au rendez-vous du 05 décembre 2020.

 

Conférence du 5 décembre en pratique

  1. S'inscrire par mail : [email protected]
  2. Installation de l'application Zoom
  3. Attendre le retour de mail avec le code d'accès le jour J
  4. Passer un moment de construction pour la psychiatrie de demain
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