Septembre, un mois important dans la prévention du suicide
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Le mois de la prévention du suicide, qu’est-ce que c’est ?
Aux États-Unis et au Canada, un mois entier est dédié à des actions de sensibilisation et de communication réalisées par différentes associations spécialisées dans la prévention du suicide ou plus généralement dans la santé mentale, c’est pour cela que nous en parlons ici sur Insane ! Le but de ces actions : permettre aux personnes ayant des pensées suicidaires, ayant survécu à une tentative de suicide ou ayant perdu un·e proche de pouvoir échanger de façon ouverte sur ce qu’elles ressentent, sans stigmatisation, afin aussi de les encourager à trouver un support approprié si besoin. Ces activités ciblent également le grand public, pour aider à détecter à temps des comportements à risque mais aussi informer des bons réflexes à adopter avec un·e proche ayant des tendances suicidaires. En résumé, sous le signe de la bienveillance et de l’ouverture à l’autre, ces actions servent à lever le tabou sur le suicide sous toutes ses formes : les pensées suicidaires, les tentatives de suicide et le passage à l’acte.
En France, les Journées Nationales de la Prévention du Suicide (JNPS) ont lieu en février, mais le 10 septembre est aussi important dans la prévention contre le suicide car c’est la Journée Mondiale de la Prévention du Suicide (JMPS). De même qu’outre-Atlantique, plusieurs associations se mobilisent pour informer et être à l’écoute lors de cette journée spéciale.
Sous le signe de la bienveillance et de l’ouverture à l’autre, ces actions servent à lever le tabou sur le suicide sous toutes ses formes : les pensées suicidaires, les tentatives de suicide et le passage à l’acte.
Pourquoi faut-il en parler ?
Au-delà de briser des tabous et d’apporter du soutien psychologique à des personnes en ayant besoin, ces journées dédiées au dialogue sur le suicide permettent également de mettre en lumière la disparition silencieuse de milliers d’individus.
Dans le monde, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) estime qu’à peu près 800 000 personnes meurent chaque année pour cause de suicide. Cela représente à peu près une personne toutes les 40 secondes.
En France, selon Santé Publique France, ce sont près de 9 000 personnes qui se suicident chaque année, et c’est un des taux les plus élevés d’Europe. Pour comparaison, selon Le Monde, c’est presque trois fois plus que le nombre de mort·e·s sur la route, estimé à près de 3 200 personnes en 2019. Toujours selon l’enquête Santé Publique France, les jeunes sont une population particulièrement fragile : le suicide est la cause de 16 % des décès chez les 15 - 24 ans, et jusqu’à 20 % des décès pour les 25-34 ans. Même si le taux de décès par suicide des adolescent·e·s et des jeunes adultes diminue depuis plusieurs années, les résultats de l’enquête Escapad (Enquête sur la santé et les consommations lors de l'appel de préparation à la défense) montrent que le nombre de tentatives de suicide et les idées suicidaires, elles, progressent et touchent particulièrement les jeunes filles, chez qui les tentatives de suicide sont deux fois plus fréquentes. Toutefois, on le sait moins mais, même si les femmes ont le taux le plus élevé pour les tentatives de suicide, ce sont les hommes qui en meurent le plus, avec un taux de mortalité trois fois plus élevé que les femmes, notamment à cause du mode opératoire choisi. Selon l’OMS, cette tendance se confirme aussi au niveau mondial, pour les pays avec un niveau de revenu élevé. Enfin, une population est souvent passée sous silence lorsqu’il s’agit de suicide : les séniors. Pourtant, selon un rapport de 2014 de la Direction Générale de la Santé (DGS), 28 % des suicides ont concerné des personnes âgées de plus de 65 ans. Le rapport montre également des disparités élevées entre les territoires, avec les régions Ouest et Nord particulièrement touchées.
Le suicide est donc un problème de santé publique important pour toutes les tranches de la population, d’autant plus que chaque suicide impacte fortement l’entourage de la personne. En effet, selon Pierre Thomas, Professeur de psychiatrie de la faculté de médecine à l’Université de Lille, “On considère qu’un suicide endeuille en moyenne sept proches et impacte plus de 20 personnes.” Autrement dit, il a été observé que le risque de suicide augmente significativement dans l’entourage d’une personne s’étant ôtée la vie.
On considère qu’un suicide endeuille en moyenne sept proches et impacte plus de 20 personnes.
Enfin, le suicide est un phénomène complexe aux multiples causes, et il faut faire attention aux raccourcis entre les causes et les effets, surtout dans les médias en cette période de pandémie mondiale. Un traitement trop simpliste du sujet augmente les risques et les tentatives de suicide et participe au phénomène de contagion décrit plus haut. Communiquer sur le sujet du suicide requiert donc certaines précautions, qui sont très bien détaillées et expliquées dans cette note en anglais de l’Association Internationale pour la Prévention du Suicide (IASP). Cependant, il est vrai que la Covid-19 et les différentes mesures de distanciation sociale et de confinement qui en ont résulté ont fortement accentué certains facteurs associés aux comportement suicidaires, comme avoir à faire face à des situations financières difficiles, la dépression, l’inactivité professionnelle, ou l’exposition aux violences. La pandémie de coronavirus a également rendu plus difficile l’accès à des facteurs dits de “protection” tels que de forts liens sociaux avec la famille, les ami·e·s ou une communauté, ainsi que des soins cliniques appropriés. D’où l’importance accrue de protéger sa santé mentale en ces temps difficiles, une des façons étant d’en parler.
Contrairement aux idées reçues, il n’est cependant pas nécessaire d’être un·e spécialiste pour aider une personne suicidaire, un·e survivant·e ou un·e proche de personne décédée par suicide, et c’est le principal message des ces journées dédiées. Il suffit d’être un peu sensibilisé·e à l’attitude à adopter.
Pour participer nous aussi à ces journées de prévention, Insane vous relaie 10 conseils du Child Mind Institute pour aider un enfant présentant des tendances suicidaires. Vous le verrez, beaucoup s’appliquent aux adultes aussi.
10 conseils pour accompagner une personne ayant des tendances suicidaires
Montrez votre affection à la personne
Selon votre relation à la personne (si c’est un·e membre de votre famille, un·e ami·e très proche ou votre enfant), votre amour pour lui/elle peut vous sembler évident. Cependant, il est important de le faire savoir et surtout de le lui montrer au quotidien, avec de petites et de grandes attentions.
Soyez empathique
Il est important de valider les émotions de la personne et de se montrer empathique avec ce qu’elle ressent, avec des phrases telles que “J'imagine que cela a dû être compliqué” ou encore “Je comprends ce que tu ressens”. Si la situation est vraiment préoccupante, il est aussi important de l’encourager à se faire aider par un·e professionnel·le, en la rassurant sur le fait que ce n’est pas un signe de faiblesse, bien au contraire.
Minimisez les conflits
Cela veut dire aussi ne pas s’attarder sur ce que la personne fait mal, ou ce qui vous agace chez elle, mais plutôt se concentrer sur des tâches ou des sujets qui ne comportent pas de risques de confrontation et qui vous rapprochent.
Mettez l’accent sur le positif
En lien avec le point au-dessus, essayez d’augmenter les expériences positives de la personne. Souvent, les personnes ayant des pensées suicidaires ont la sensation que l’état dans lequel elles sont va durer pour toujours, qu’il n’y a pas de lumière au bout du tunnel. Le but de ce genre d’expériences est de les rassurer, de leur montrer qu’elles ne se sentiront pas nécessairement comme cela toute leur vie.
Prenez des nouvelles
Il est important d’être au courant de ce que fait la personne quand elle n’est pas avec vous. Bien entendu, cela s’applique particulièrement aux enfants, mais cela vaut aussi pour des adultes : renseignez-vous régulièrement sur leurs activités et sur leur état d’esprit.
Rapprochez-vous de son entourage
Ici aussi, ce conseil s’applique plutôt aux enfants ou adolescent·e·s, mais il est important d’être en contact avec les personnes desquelles la personne à risque est proche afin de pouvoir aussi leur communiquer vos préoccupations sur sa santé. Dans le cadre d’un·e enfant ou d’un·e adolescent·e, vous pouvez aussi contacter son établissement scolaire.
Parlez ouvertement
C’est un premier pas essentiel : il faut parler du suicide, parler de ses “idées noires”. Souvent, on pense que, en faisant cela, on rend le suicide plus vrai et donc plus probable, or c’est le contraire qui se produit : la personne va se rendre compte qu’il y a quelqu’un avec qui elle peut en parler en sécurité, elle va se sentir écoutée et comprise, et c’est très important.
Trouvez un·e professionnel·le de confiance
Tou·te·s les professionnel·les de santé mentale ne sont pas à l’aise avec les personnes suicidaires. Inversement, il est aussi important de choisir quelqu’un avec qui vous (si vous êtes le père ou la mère de l’enfant) et la personne vous sentez en confiance.
Participez aux séances de thérapie
Si c’est votre enfant qui présente des tendances suicidaires, vous pouvez participer activement à sa thérapie afin de lui montrer que vous vous préoccupez de sa santé.
Prenez les mesures adéquates
Les pensées et les comportements suicidaires sont des urgences, il est donc important de les traiter comme telles en appelant par exemple les urgences ou bien un numéro spécialisé dans ce type d’intervention.
Aller plus loin
Trouver de l’aide en France, au Canada, aux États-Unis et en Grande Bretagne :
- En France : une liste très exhaustive de l’Union Nationale de Prévention du Suicide (UNPS) recense les dispositifs d’aide à distance restant disponibles pendant le Covid. En plus de numéros de soutien pour des besoins en santé mentale, cette liste recense aussi les numéros d’aide à distance spécialisés tels que les violences faites aux femmes, les addictions, le handicap, les maladies chroniques, la sexualité, ou encore un numéro spécial pour les enfants.
- Au Canada : En cas d’urgence, il est recommandé de se tourner vers votre centre de détresse local (Services de Crises du Canada). Vous pouvez aussi contacter les services suivants :
- le Service Canadien de Prévention du Suicide (1-833-456-4566)
- Jeunesse J'écoute
- la Ligne d'Écoute d'Espoir pour le Mieux-Être
- 1 866 APPELLE (pour les résident·e·s du Québec)
- Vous pouvez également envoyer un message à la Crisis Text Line (envoyez HOME au 741741)
- Aux États-Unis :
- The American Foundation of Suicide Prevention (joignable par téléphone au 800-273-8255 ou par message en envoyant TALK au 741741),
- The Suicide Prevention Lifeline joignable au 1-800-273-TALK (8255). Du soutien est également prodigué via une messagerie, la Lifeline Chat
- Vous pouvez également envoyer un message à la Crisis Text Line (envoyez HOME au 741741)
- Au Royaume-Uni :
- Une liste exhaustive des dispositifs d’aide d’urgence en fonction de votre situation (si vous ou un·e proche avez des pensées suicidaires, si vous êtes étudiant·e, si vous avez entre 11 et 25 ans, ou si votre enfant est suicidaire) et même un lieu de retraite.
- Depuis le Royaume-Uni, vous pouvez également envoyer un message à la Crisis Text Line (envoyez HOME au 85258)
- Dans un autre article d’Insane, nous vous parlions également de SHOUT (envoyez SHOUT au 85258), le service de messagerie d’urgence créé par les Princes William et Harry.
Mais pour chaque pays, si vous ou un·e proche vous trouvez dans une situation de danger immédiat, appelez les Urgences.
Applications pour aller mieux :
Un article (en anglais) sur les 15 meilleures applications de santé mentale à télécharger pour divers troubles (anxiété, troubles alimentaires, stress post-traumatique…)
Quelques applications supplémentaires de support psychologique :
- Mon sherpa
- Vik Dépression
- Owlie le chatbot sur Messenger