Projeu, l'outil sympa pour construire son parcours de rétablissement avec ses soignant·es
Projeu, c'est l'innovation dont on a vraiment besoin en psychiatrie. Se soigner c'est bien, se rétablir c'est mieux. Mais pour des personnes aux prises avec leurs troubles psychiques et qui sortent tout juste la tête de l'eau, ce n'est pas toujours facile d'envisager ce rétablissement, et encore moins la forme pratique qu'il pourrait prendre. Ça, c'est le premier argument.
Le deuxième argument, c'est que malheureusement les soignant·es sont loin d'inclure systématiquement la personne touchée dans ce projet de rétablissement. Que ce soit par manque de temps, par manque d'effort ou par ignorance totale de cette possibilité pour cause de formation médicale conservatrice (lire : arriérée), les faits sont là : souvent, le rétablissement est uniquement envisagé comme la disparition des symptômes et l'accompagnement s'en tient donc à ce seul but. Ou alors, ce sont les soignant·es qui décident d'à quoi doit ressembler le rétablissement de la personne touchée sans lui demander son avis, par exemple se réinsérer sur le marché du travail. Pourtant, l'idée clé dans le principe de rétablissement, c'est que la personne directement concernée parvienne à une bonne qualité de vie selon les critères qui lui conviennent. C'est donc un peu dommage de faire un plan de rétablissement sans lui demander ce que sont ces critères.
Pour répondre à ce besoin, Dominique Mautuit, qui est docteur en anthropologie de la santé et accompagne depuis des dizaines d'années les établissements de santé pour rendre les patient·es acteurs et actrices de leur réhabilitation, a eu l'idée de créer un jeu de cartes reprenant 12 domaines par rapport auxquels les personnes concernées peuvent se situer et exprimer leurs attentes : se mouvoir, avoir des loisirs, gérer des relations personnelles, etc. Cela permet ensuite de définir avec les soignant·es des objectifs à atteindre pour garantir une bonne qualité de vie, et donc de déterminer les accompagnements et aménagements nécessaires. Notez d'ailleurs que cela ne concerne pas uniquement les personnes portant des troubles psychiques, mais également celles en perte d'autonomie car âgées ou handicapées physiquement et/ou intellectuellement.
C'est une application concrète du concept d'empowerment [empouvoirement en français].
Le concepteur du jeu n'a rien laissé au hasard : cet outil a été testé avec plus de 500 personnes (patient·es comme soignant·es) et se base sur les méthodes employées depuis plus de 30 ans par Dominique Mautuit et son équipe lors de leurs interventions en établissements de santé et médico-sociaux.
Le détail sympa ? C'est sa fille qui a réalisé tous les dessins sur les cartes.
Il ne reste plus qu'à soutenir (et partager) la campagne de financement participatif pour que ce jeu voie réellement le jour et soit distribué en septembre prochain à un maximum d'établissements. Il ne reste plus beaucoup de temps et chaque euro compte, hop hop hop !